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L’INTELLIGENCE REND-ELLE TRISTE ?

1. L’intelligence, qu’est-ce que c’est ?
C’est une forme de perception, de perspicacité. Howard Gardner a décelé ainsi plusieurs formes d’intelligence qu’il a essayé de classer (mais en réalité il y en a une infinité). Il dénombre 9 formes d’intelligences les plus courantes : naturaliste (capacité d’observation), logique (capacité d’abstraction et de raisonnements cognitifs), musicale, spirituelle (éveil de la conscience, capacité à sortir de son cadre, recul), inter-personnelle (empathie, capacité à communiquer), kinesthésique (sportif, jongleur, gamer), verbale, intra-personnelle (hypersensibilité), spatiale (capacité à s’orienter).
L’intelligence est une notion très relative.

Coluche disait avec humour : « On a tous toujours l’impression d’en avoir suffisamment ! »

Francis Blanche : « On est toujours l’idiot de quelqu’un ! »

Cette notion d’intelligence n’existe que par interaction.

Les gens intelligents ne savent pas qu’ils sont intelligents. Ils pensent au départ que tout le monde raisonnent naturellement comme eux.

Car en effet, on n’existe que par rapport aux yeux d’autrui (Boris Cyrulnik).

L’intelligence est donc subjective en ce sens qu’il n’existe pas de référence.

L’école, l’éducation, ne met en valeur que quelques formes d’intelligences : la logique et la verbale. L’école nous permet d’apprendre, l’intelligence nous permet de comprendre.

Einstein : « L’apprentissage commence à la sortie de l’école ».
Dans cette phrase, il passe un message : ce n’est pas à l’école, que nous deviendrons plus intelligents mais c’est en faisant et en refaisant.
L’école nous permet d’être cultivé mais pas intelligent.

2. L’intelligence rend-elle triste ?
Un THQI (très haut quotient intellectuel – c’est un exemple) va très mal vivre ses premières années car il n’aura pas d’amis assez intéressants pour discuter des questions qu’ils se posent. Cette solitude va peser fortement sur son être. Or notre instinct grégaire nous pousse à être « comme les autres ». Cette dissonance peut aller jusqu’à la dépression. En plus, les enfants n’ont pas de filtres. Ils disent crûment ce qu’ils pensent (« Toi, l’extra-terrestre !… »).

Ensuite, un THQI est assez intelligent pour se calfeutrer tel un caméléon dans notre société. « Pour vivre heureux, vivons cachés ».

Il essaiera de se conformer en se trouvant un travail rémunérateur, en se mariant, et en ayant des enfants.
Il se met des tonnes de crèmes de protection autour de son cœur mais au fond de lui est-il triste ?

Je ne pense pas qu’il soit triste, mais plutôt comme Bergson pense, il est déçu de ne pas avoir dans son entourage des esprits brillants pour progresser encore, cela crée une certaine frustration. Ce n’est donc pas la tristesse qui l’habite, mais l’ennui et il procrastine un max.
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Daniel Keyes dans « Des fleurs pour Algernon » a tenté de démontrer que l’intelligence ne rend pas heureux. J’en suis convaincu. Et plus on s’intéresse aux mécanismes politico-économiques, plus on est pessimiste sur l’avenir. Pour autant ce n’est pas de la tristesse.

L’important pour vivre heureux (et donc pas triste) est d’arriver à se constituer des amis de même sensibilité intellectuelle que soi, ce qui permet de se sentir « en conformité » avec nos attentes sociétales.

Ce n’est donc pas uniquement une question d’intelligence mais aussi d’empathie.

Ainsi, il vaut mieux peu d’amis qui te comprennent et qui s’intéressent à l’Etre, plutôt que beaucoup d’amis qui ne te comprennent pas vraiment.

3. L’intelligence émotionnelle.
C’est la nouvelle tendance.

Cette définition du dictionnaire me gêne. Pour moi, il n’est pas question de raisonner avec nos émotions. Cette intelligence permettrait de comprendre à demi-mot les intentions de son interlocuteur. On peut finir la phrase qu’il a commencé. Cela facilite l’écoute, l’empathie. Rien d’autre.

C’est plutôt une capacité à entrer dans l’univers d’autrui, plutôt qu’une intelligence.

L’intelligence spirituelle n’est pas du tout abordée.